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La vie dans les champs de carottes bleues
24 avril 2005

Elle aura ma peau...

Gros plan dramatique sur l'oeil du héro au coin duquel perle une petite goutte cristalline. Sueur, larme, eau minérale Cristalline riche en minéraux et oligo-éléments essenciels pour le croissance des nourissons et la non-régression des non-nourissons? Nul ne le sait!
Dans le lointain une mobilette hurle au vent sa rage de vouloir franchir le mur du son. Plus proche, le chien hurle au monde son aboiement haineux envers la voiture qui s'en-vient et se gare devant la maison. Puis le timbre de voix (sisi, on peut parler de voix pour un chien!) change, il est contant.
Au pied du héro, le chien tourne en rond et, de joie, innonde l'espace sonore de bruits stridants et le sol devant la maison de pisse (rarement vu un chien qui pissait de joie, le mien fait très fort). L'instant est tragique, magique, unique, onirique : la porte s'ouvre.
Et là, la tension de la scène se justifie. Alors que dans le brouillard exalé par la pollution de la rue se dessine des silouettes (jamais su écrire ce mot) familliales, un ennemi entre en scène. Ou plutôt : une ennemie. Tout droit sortie d'un sac plastique aussi blanc que quelconque, pour l'instant pris au piège dans la main maternelle, la forme serpentine ondule au grès de sa volonté malfaisante et malsaine... et aussi du pas régulier maternel.
Puis, la main libère le monstre, il attaque le héro dans la partie la plus intime de son esprit. Là où n'existe nulle protection contre le mal du monde. Là où il est aussi nu qu'Adam après un gros coup de vent (il n'avait rien pour attacher sa feuille de vigne) et vulnérable qu'un nourisson.
Il succombe à l'assaut froudroyant de la bète au corps coloré et velouté. La seule échappatoire est d'en finir avec elle, de la dévorer. Aussi cruelle que puisse paraitre cette action chers lecteurs, je l'avoue sans honte : je me suis jeté toutes dents dehors pour dévorer ce nouvel ennemi.
Mais son piège ne se referme que plus fortement sur le héro qui sait l'issue du combat incertaine. Plus il entame son adversaire, plus celui-ci referme son emprise mentale sur lui et le force à poursuivre le combat, à de plus puissants coups de dents...
Je n'en ai pas fait qu'une bouchée car il était trop long, mais à présent je saisis toute la perversion qui réside dans cette chose. C'est dans sa mort qu'elle cherche la mienne et déjà j'ai mal au ventre. Son mal s'insinue en moi pour me détruire de l'intérieur... je me sents faiblir.
Dans la lente agonie qui est la mienne je n'ai qu'une tristesse. Je ne regrette pas d'avoir cédé au piège de mon ennemi. Je ne regrette pas de finir ainsi face à un ennemi de valeur. Je regrette que ma propre mère ait pris part au complot démoniaque qui me ravage à présent les entrailles en faisant pénétrer l'ennemi sous mon toit.
Les dernières paroles du héro furent : "ça, c'est terrible : on se rend compte qu'on en a trop mangé qu'une fois qu'on ne peut plus rien y faire, la guimauve aura ma peau!"

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