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La vie dans les champs de carottes bleues
8 avril 2005

D'enigmes, d'obscurité et de chrétienté...

Critique pas si express’ que ça de « Le Troisième Testament »

J’ai peut-être fait un peu long mais cette BD le mérite bien : un bijou  à lire de toute urgence !

Fiche technique :

-Idée originale : Xavier Dorison

-Dessin et couleurs : Alex Alice

-Scénario : Xavier Dorison et Alex Alice

-Editeur : Glénat

-Tomes : 4 tomes, tous parus

            I Marc ou le réveil du lion

            II Matthieu ou le visage de l’ange

            III Luc ou le souffle du taureau

            IV Jean ou le jour du corbeau

-Spécial : Coffret quatre tomes, tome IV édition noir et blanc

tome_1

L’histoire :

L’amorce de l’histoire : 1286. Le grand Inquisiteur Conrad de Marbourg, main de Dieu en Occident, est à son tour accusé d’hérésie. Son zèle à brûler les hérétiques est assimilé à la perversion de l’Enfer lorsqu’il tente de s’en prendre au très puissant comte de Sayn. Ses fidèles tentent de le sauver mais tout se termine dans les flammes purificatrices qui engloutissent l’église où se déroule le procès.

Tout reprend 20 ans plus tard. Le 27 Décembre 1306, dans le couvent de Veynes une crypte secrète est découverte par hasard. Mais plus les excavations vont en profondeur, plus il semble que ce ne soit pas la Providence mais le Malin qui œuvre en ces lieux. Finalement, la crypte livre son ultime secret : un reliquaire. Dans une salle à l’ambiance oppressante est découvert cet objet oppressant à la fois richement et affreusement ouvragé contenant d’anciens parchemins.

L’archevêque de Paris apprend l’affaire et ses premières terrifiantes conséquences. Avant que l’inquisition ne s’empare de l’affaire il décide de dépêcher un de ses anciens amis pour faire toute la lumière. Mais très vite tout va se préciser et on découvrira que de nombreuses forces de l’église et païennes convoitent ces précieux parchemins. Commence alors une course poursuite à travers l’ancien monde chrétien pour un reliquaire, pour des parchemins, des vérités et bien sûr, du pouvoir !

Attention, ne pensez pas que je vous en ai raconté beaucoup, surtout pas ! Cela sont les (au grand maximum) 18 premières pages du premier tome.

La suite est riche en rebondissements. On a vraiment une histoire très forte à tous points de vue je trouve. Tout d’abord parce qu’elle ne livre pas ses secrets, elle les distille. Tous les points importants seront éclaircis peu à peu ce qui laisse toujours une incertitude sur ce qui fonde tout cela. L’histoire s’enrichi petit à petit de nouvelles ramifications. Bref, tout est fait pour que l’on ait envie d’en savoir plus.

Tout ceci repose sur quelques personnages forts bien définis et bien cernés (même si chacun dissimule comme il se doit une part de secrets que l’histoire se devra de révéler… en temps utiles bien sûr !) qui donne une base solide à l’intrigue. Autour d’eux gravitent de nombreuses figures secondaires très variées qui permettent au choix une progression, une régression de l’histoire ou un apport d’informations complémentaires.

Le tout est servi par le contexte. L’ancien monde chrétien apparaît de façon très précise et documentée. Le scénario exploite de nombreux éléments historiques, que ce soit comme repère temporel ou, bien souvent, pour en donner l’interprétation qui n’est pas passé à la postérité. On ne se retrouve pas empêtré dans des noms d’ordres monastiques comme je l’avais cru au début et cela permet de ne pas s’y perdre… tout repose sur un minimum et les précisions nécessaires sont toujours très détaillées… ouf ! L’intrigue exploite aussi bien entendu des personnages historiques même s’ils ne sont jamais au centre de ce qui se passe, place à la fiction avant tout ! En fait, ce contexte m’a fait très pensé au film (je dois toujours commencer le livre depuis trente ans…) « Le nom de la rose ». D’ailleurs je trouve un air de famille entre Sean Connery et le héro.

Tout comme dans le film l’histoire conserve toujours une aura de mystère et d’obscurité. Comme si tout n’était jamais clair, qu’une ombre pesait en permanence sur les destins de nos héros du moment… Très bien servi par le dessin tout ça (cf plus bas). Par contre, à l’opposé du Nom de la rose,

la BD

ne se déroule pas dans une sorte de huis clos et les protagonistes vont pouvoir parcourir une bonne partie de l’occident chrétien. Diversité de lieux, diversité de situations et de personnages… on ne s’enlise pas dans des décors constants et uniques.

grand1

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire : (ce paragraphe ne spoil pas l’histoire, il prolonge un peu l’amorce et mène jusqu’à la réelle intrigue. Mais si vous avez déjà envie de lire mieux vaut garder le plus de mystères possible !)

Le vieil ami à qui l’archevêque de Paris demandera de mener son enquête se révèlera n’être autre que Conrad de Marbourg. Celui-ci a vécu vingt ans dans le secret absolu après avoir échappé aux flammes par l’intervention de son ennemi : le comte de Sayn. Aidé par la fille adoptive de l’archevêque, Conrad découvrira que ce qu’ils cherchent sont les parchemins des carnets de route de Julius de Samarie. Il y a très longtemps, celui-ci s’était vu confié par Dieu le Troisième Testament, la parole de Dieu dans sa plus parfaite pureté. Les carnets sont donc la clef vers le pouvoir suprême : celui de la création.

Mais ils ne sont pas seuls sur la piste du Troisième testament. L’inquisition mène son enquête aussi vite que possible pour tenter de devancer une mystérieuse horde que rien ne semble pouvoir arrêter. En marge de ces deux puissances d’autres s’agitent pour des raisons qui demeureront longtemps obscures. Le chapitre occulte de l’église (ses espions) se renseigne pour le compte de Steiner tandis que les templiers  semblent en savoir plus long qu’ils n’en disent et être bien plus que de simples obstacles aux ambitions de pouvoir.

Le dessin :

Première impression : NYAAAAAAAH C’EST BEAU !!!!

esquyisse

La première impression est souvent la bonne on dit : confirmé ! Le dessin en lui-même est absolument superbe (peut-être devrais-je dire « absolument à mon goût » mais faut vraiment être difficile pour trouver à redire !) à tous points de vue ! Le dessin est donc beau de bout en bout et pour tout ce qui peut être représenté ici. Que ce soient les gros plans, les attitudes des personnages, les mouvements, les statiques, les paysages, les foules, les bâtiments… que sais-je d’autre ? Le trait est précis dans tout les cas et n’épargne aucun détail. D’ailleurs cela est utile à l’histoire puisque parfois c’est le détail qui est en fait l’élément important d’une scène (mais inutile de chercher, ce détail est à chaque fois bien trop un détail ^^), le genre de détail qui fait revenir en arrière en cours de lecture pour revoir l’image et dire « Mais oui ! C’est pourtant évident quand on sait ! ».

planche2

La mise en couleur n’a aucun défaut qui me vienne à l’esprit (peut-être par moment les taches de rousseur d’Elisabeth mais c’est mon propre avis et là c’est pinailler !). Ce que j’ai bien aimé c’est que les tons sont constants pour toute l’histoire, même lorsque les situations changent. Cela donne, je trouve, une consistance au récit... enfin je n’arrive pas à m’exprimer sur ce point. C’est comme la trame de fond de la mise en couleur si l’on veut. Ce qui n’empêche pas des variations pour chaque situation (j’adore les bleus de la scène de la bibliothèque ou les roses du crépuscule). Comme pour l’intrigue on a une unité avec quand même beaucoup de diversité … I’m Lovin’ it ! (Mc Do quand tu nous tiens… n’importe quoi moi !)

planche

Pour ce qui est de l’obscurité générale elle est parfaite. Ajustée à la fois aux lieux, aux temps et aux circonstances, elle donne du relief à tout ça en renforçant le désespéré d’une situation, la vilénie d’un individu, etc. … On va me rétorquer que c’est du classique et même le minimum syndical pour qui veut une ambiance générale sombre. Vous avez raison mais là c’est vraiment très réussi (par exemple incomparable aux « Démons d’Alexia » qui sont pourtant visuellement très beaux et sombres). Le petit « plus » c’est que la couleur souligne cette obscurité, qu’il s’agisse d’une éclaboussure de sang ou d’une torche très lumineuse !

Enfin, les mises en page et en cases (le terme technique m’échappe, désolé) sont variées et surtout pas innocentes. Elles sont mises au service de la situation et en particulier des paysages ou des mouvements. J’ai trouvé qu’elles étaient en fait de mieux en mieux au fur et à mesure des tomes…

L’édition :

Sur l’édition je n’ai presque rien à dire. Pas parce que ce n’est pas important : au contraire ! Mais bon, c’est Glénat et je les voyais mal commettre une faute de goût terrible ou quelque problème que ce soit dans l’édition, ils sont rodés pour ce que j’en sais. En tout cas les tomes sont très beaux (première deuxième, troisième et quatrième de couverture sans exception) et c’est l’essentiel de ce qu’on leur demande (on est dans un format BD classique sans rien de particulier à dire).

Un sans faute de ce côté-là !

tome_2 tome_3 tome_4

Spécial :

Les quatre tomes normaux sont disponibles dans un coffret unique. Pour avoir acheté chaque tome à sa sortie je n’ai pas ce joli objet… ah dommage ! En lui-même j’avoue qu’il n’apporte pas grand-chose. Je dois vérifier mais je pense qu’il n’y a pas de trucs en plus dans ce coffret que dans les tomes individuels. Mais bon, il est super joli (et j’avoue que je suis un peu un fan des coffrets et tout ce genre de trucs) alors pour ceux qui veulent les acheter tous c’est une bonne (très) bonne option… ou alors un joli cadeau ! ^_° En tout cas il rempli bien son rôle de coffret : il est très beau et contient fort bien ses chers tomes (ce qui est, rappelons-le, le rôle premier d’un coffret).

coffret

Le tome IV existe en édition spéciale comme il en sort pas mal en ce moment. Couverture différente avec en plus une jaquette très sobre et sombre qui correspond tout à fait à l’esprit de la BD. En tout cas du dehors c’est très beau. Pour ce qui est du dedans : papier plus fort pour les planches originales non colorisées. Après c’est question de goût. Ceux qui aiment le noir et blanc seront ravis, de même que ceux qui trouvent que le noir et blanc permet mieux d’apprécier le dessin de l’artiste (oui, on peut franchement parler d’artiste !). Pour ceux qui sont réfractaires au noir et blanc c’est dommage pour eux, moi je trouve ça au moins aussi joli qu’en couleur. On a en plus de ça une dizaine de pages de croquis et essais en tous genres (personnages, paysages, vêtements…). On m’a dit l’autre fois « mais ça sert à rien ». J’en conviens mais j’aime assez alors après c’est à l’appréciation de chacun. En tout cas je n’ai rien à redire sur cette édition, du joli, un peu d’inédit : un sans faute que l’on aurait peut-être aimé plus chargé en croquis ou autre…

Finalement :

Une BD qui vaut vraiment la peine d’être lue. D’ailleurs le fait de la lire n’est en rien une peine ! Aussi plaisante à regarder qu’à lire, c’est un vrai régal. Sans conteste une de celles que j’ai préférées parmi tout ce que j’ai pu lire (et peut-être la première si certaines autres ne bénéficiaient pas d’une valeur sentimentale qui joue en leur faveur !). J’allais le conseiller à ceux qui ont aimé tel ou tel film, telle ou telle BD… cela n’a pas d’intérêt, je le conseil simplement à tout le monde sans distinction. Simplement parce que pour ceux qui aiment les BD c’est pour moi un incontournable et pour les autres c’est un bon moyen de regarder ce qui se fait de bien (par exemple ceux qui se sont arrêtés avec Tintin et Astérix : le monde de la BD est bien plus vaste !)  .

A lire de toute urgence ! Avis à ceux que j’ai convaincu, mes exemplaires sont ouverts au prêt !

marbourg

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