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La vie dans les champs de carottes bleues
28 mai 2007

D’oubli, de magie et de liberté...

Critique express’ de Tigane, de Guy Gavriel Kay.

Troisième grande fresque de cette auteur que je lis (si, quand on flirt avec les 1000 pages de caractères miniatures, j’appelle ça « grand » et quand ça relate la destinées de dizaines de personnes, de pays entiers, j’appelle ça « fresque »). Après La tapisserie de Fionavar et Les lions d’Al Rassan (voir les liens pour mes critique express’ antérieures), il faut donc que cet auteur en vaille la peine, pour que je m’envoi autant de chapitres et de chapitres de sa prose !

tiganeL’histoire (ou plutôt le contexte) :

Toute se déroule dans « la Palme », une péninsule divisée en 7 provinces (à vérifier) dirigées par leurs princes respectifs. L’histoire commence par l’envahissement de la Palme par deux armées distinctes venues de par delà les océans et guidées par les deux mages les plus puissants du monde. A l’Est, Alberico, seigneur de Barbadior dont il lorgne la souveraineté d’un œil avide. A l’Ouest, Brandin, souverain tyran du royaume d’Ygrath qui veut s’étendre toujours plus. Rien ne leur résiste car les provinces n’on jamais su s’entendre autrement qu’en se faisant la guerre entre eux. Et bien vite, toute la Palme tombe sous leur joug, coupée en deux (à l’exception de la province du Senzio qui restera neutre et inconquise, pactisant plus ou moins avec les deux tyrans… disons que c’est la Suisse de notre histoire). Rien ? Si, une chose leur aura résisté. La province la plus au sud-est. Lors d’une bataille décisive et perdue d’avance face au pouvoir du magicien Ygrathien, le prince de la glorieuse Tigane tue Stefan, l’unique fils de Brandin. C’est plus qu’il n’en fallait pour déchaîner son chagrin et sa rage. Puisant des ses réserves de pouvoir incommensurables, Brandin marche sur la province de Tigane toute entière, en commençant par sa capitale flamboyante : Tigane, l’un des joyaux de la Palme. Livres, sculptures, jusqu’à la moindre inscription : tout est rasé, tout est détruit, tout est brûlé. Et enfin, le mage parachève son œuvre de destruction en oblitérant le nom même de Tigane. Seuls ses natifs (et les mages) pourront à présent entendre, prononcer ou même se souvenir de ce nom. La ville de Tigane devient Stevanie et Tigane la Basse-Corte pour l’assujettir à sa voisine du nord et ennemi de toujours, la Corte… ultime insulte.

« Le nom de Tigane, effacé ! » (cette simple phrase à elle toute seule sous-tend l’ensemble du roman) Tigane n’existe plus. Tigane n’a jamais existé. Ne subsiste que la province la plus meurtrie de la péninsule par la guerre et écrasée par les impôts les plus colossaux. Un dangereux équilibre s’installe entre les deux tyran qui n’osent pas s’affronter et gardent jalousement la moitié du territoire. Albérico attendant une occasion de s’emparer de ce qu’a conquis son rival. Brandin savoure sa vengeance par toutes les fibres de son être.

L’histoire (dans ses grandes lignes) :

Tigane raconte l’histoire d’hommes Devin, chanteur émérite, qui vont se joindre corps et âme à un homme, Alessan, prince héritier de Tigane, et à son rêve : ramener Tigane dans le cœur des hommes et la liberté dans la péninsule. Mais le chemin sera rude car pour rendre à Tigane une existence il faut tuer Brandin. Et tuer l’un des deux tyrans c’est s’offrir en pâture à l’autre qui n’attend que ça. C’est l’histoire d’hommes qui complotent depuis une vingtaine d’années à la destruction réciproque des oppresseurs pour recouvrer leur dignité. C’est l’histoire d’un quête de liberté, d’indépendance, mais aussi d’identité pour ceux qui se découvriront originaires d’une province dont ils n’ont aucun souvenir, pas même un nom et de ceux qui découvriront que la plus grande malédiction n’est pas d’avoir une haine en leur cœur, mais de devoir le partager avec de l’amour qui n’est pas voulu.

Mon avis :

--Vous imaginez bien que si je suis allé au bout d’un gros pavé comme ça j’ai du apprécier un minimum, et vous avez probablement raison. Je pense que des trois fresques que j’ai citées plus haut, celle-ci est celle que j’ai préférée. Moins fantastique que Fionavar, plus longue et facile qu’Al Rassan. Il faut dire que le contexte de la Palme est assez semblable à ce que pouvait être l’Italie un peu avant la renaissance, une note de l’auteur au début du livre explique cela très bien.

--Comme pour les autres livres, l’auteur décide de nous montrer tout un tas de protagonistes qui évoluent un peu partout dans la Palme (et même au-delà parfois, mais rarement). Mons nombreux que dans Fionavar, plus concentrés géographiquement que dans Al Rassan, l’histoire en est plus simple à suivre. Un groupe de héros, les deux tyrans, Dianora (ah Dianora ! Je ne sais si je dois t’aimer ou non, mon cœur balance…)… voilà à peu près tout ce que l’on suivra pour l’histoire, plus quelques rajouts externes ponctuels pour les besoins de la narration… et c’est tant mieux ! Meilleur point de vu adopté par l’auteur pour les trois fresques, je n’ais rien à y redire cette fois !

--L’histoire se déroule, comme je l’ais perçue, en trois phases (et demi). La mise en place des situations et surtout de tous les personnages qui seront emportés par la tourmente des évènements mis en place par Alessan (plus une demi partie de mise en place pour Dianora dont le récit se fera au d’abord sans lien aucun avec le reste de l’histoire). Une partie où la lente montée de la tension va se faire, la tension entre les tyrans et les rebelles va grandir au fil de petits évènements. Enfin, la partie la plus courte où tout va s’accélérer pour finalement se dénouer d’une façon dont il vous faudra lire le livre pour la connaître.

--Ce livre m’a laissé une curieuse impression. Comment vous expliquer… je dévore le livre, il ne se passe pas grand-chose, j’attends que se passent de grands évènements… mais non. Et c’est là que je découvre que j’ai dévoré 300 pages d’une traite. En particulier vraie dans la « deuxième partie », cette impression est très étrange. L’auteur enfile dans un écheveau complexe des petites perles, des évènements, des faits, pas nécessairement linéairement. Le tout crée une trame prenante qui fait progresser nos héros et la totalité de la Palme vers le dénouement final. C’est relativement bien fait de la part de l’auteur qui arrive pendant une grande partie du récit à nous faire croire que rien ne se passe… assez longtemps pour que l’on ne comprenne qu’après coup tout le chemin que l’on a parcouru !

Pour tout résumer :

L’histoire est inspirée. Le contexte est solide. Les personnages sont convaincants. Le style est, à l’habitude de l’auteur, fluide, sans grande difficultés mais qui s’alambique parfois pour nous induire en erreur ou nous plonger dans un suspens soudain et inattendu, les moments très forts du livre ! On suit l’histoire sans y prendre trop garde, comme on suivrait un petit chemin agréable sans y penser. Mais quand on se retourne, on a parcouru des dizaines de kilomètres, la nuit tombe… trop tard pour faire demi-tour : il faut courir jusqu’au bout du chemin en espérant trouver un abri. Très bon livre donc, qui demande du temps mais vous récompense bien de ce que vous lui avez consacré. Mais le mot de la fin sera pour la fin qui, vous vous en douterez si vous me connaissez un peu, ne m’a que moyennement plus ! Et c’est un exploit pour quelqu’un qui a l’habitude de détester les fins !!!!!!! Celle-ci est acceptable, bravo à l’auteur pour avoir réussi ce tour de force !

Si vous avez du temps a consacrer, je peux vous prêter le mien sans problème !

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